Volonté évanescente [PV : Emalia Ombel]

• Learth errait le long de la plaine infinie, quelque peu déconcertée par la nature environnante qui semblait régner sur cette terre paradoxalement pauvre de modernité mais riche de vie. Highland avait bien changé depuis ces dernières années, à l'heure où les derniers arbres s'élevaient en buildings. Mais ces lieux semblaient avoir échappé au reste du monde, intacts, à la fois préservés et prisonniés de leur propre verdure. Le bruit des pas de la jeune femme était étouffé par l'herbe grasse, par quelques plantes dont elle avait oublié le nom. Cet espace lui semblait idéal pour s’entraîner un peu à l'abris des regards, elle qui était loin de briller par ses aptitudes de guerrières. Il était difficile de dénigrer un pouvoir au détriment d'un autre qui ne nous ait pas inné, de chercher à s'approprier quelque chose qui ne nous appartient pas vraiment. Cette attitude aurait pu se confondre avec celle d'un damné qui, ayant soif de pouvoir, était prêt à mettre sa vie en péril pour un peu de puissance. Learth était différente, son déni n'avait rien à voir avec une quelconque soif de pouvoir, au contraire elle scellait en quelque sorte ce qu'il y avait de meilleur en elle, pour en faire émerger les plus faibles fragments.
  
  Une lame, modestement aiguisée, fendit l'air avec maladresse à plusieurs reprises. Les mains serrées sur la garde, Learth s'évertuait à exercer quelques mouvements à priori simples mais difficile pour une demoiselle de sa carrure. Ses mouvements manquaient cruellement de souplesse, ses coups de forces et ses figures de précision. Elle n'était probablement pas faite pour magner ce genre d'arme encombrante, mais sa volonté la poussait à ne pas se reposer jusqu'à tenter de parfaire ses gestes. Elle finit par lâcher l'épée qu'elle tenait jusqu'ici fermement, à bout de souffle. Sa cage thoracique se soulevait, palpitait sous son corps couvert de sueur.
  
  *Si faible.. Je n'ai pas le temps d'être surmenée. Comment pourrais-je me défendre si je ne suis pas digne d'utiliser les armes.* pensa t-elle, haletante.
  
  On lui avait conté à l'époque où son jeune âge ne lui permettait pas d'assumer son indépendance qu'une sorcière -au même titre qu'une demie-sorcière- ne pouvait décemment vivre dans le monde des humains sans encombres. En effet, son énergie vitale, nécessaire à l'utilisation de ses pouvoirs, se voyait drainée par manque de pratique. Mais Learth, fière et téméraire, voulait ignorer ce principe. Puisqu'elle n'escomptait pas à assumer le sang qui coulait dans ses veines, elle n'avait que faire de voir sa puissance magique annihilée. Cependant, sa faiblesse au combat physique ne faisait que s'accentuer tant elle poussait son être à contre-nature. Son regard se porta alors sur l'emplacement du portail vers le lodemay des sorciers qui semblait quelque peu agité. Cette vision plongea la demoiselle dans une profonde réflexion. Ses yeux, plein de dégoût, se rivèrent sur la paume de sa main qu'elle ferma brutalement.
  
  *Je n'ai pas besoin de ça. Je suis humaine après tout.*
  
  La jeune femme se releva avec peine et saisit tant bien que mal son épée qu'elle rangea de sa main engourdie. Le bruit que faisait maintenant le portail laissait présager qu'un individu tentait de traverser son monde d'origine afin de poser pied à terre ici. Cette pensée fit frémir la demoiselle qui ne pouvait quitter des yeux l'encadrement mystique. Elle savait que la plaine était l'endroit de relais entre le monde des humains et celui des sorciers. Sans qu'elle ne le veuille des tas de souvenirs lui revinrent en tête, la vision d'un monde qui se meurt sous la pression des éléments déchaînés, les informations du Centre quant à la venue des autres races. Un mélange de colère et de tristesse submergea Learth qui défiait sans le vouloir du regard le portail en action.
  
  *Pourquoi ? Pourquoi viennent-ils encore ici après tout le mal qu'ils ont causé ?*

Ce jour-là, Émalia quitta le commerce d’Alana, un lieu très sympathique, chaleureux, mais surtout, l’endroit où vit à présent son modèle. Depuis qu’elle est enfant, Émalia a grandi dans l’espoir qu’un jour la Tribu pourrait l’accepter. Mais pour cela il fallait travailler dur, et savoir contrôler son pouvoir de sens extrêmes.
C’est ce qu’elle fit, et bien malheureusement le rang de chef de guerre qu’elle souhaitait plus que tout lui a été offert par son mentor dans un dernier soupir. Émalia y repensa alors…

Flashback :

Courir, sauter, grimper aux arbres, s’arrêter, écouter, être attentive, très attentive. Se perfectionner. S’entrainer encore et encore ! Arriver à son but ! Arriver à ses fins ! Réussir !
C’est le grand jour. Émalia voulait être prête. Etre la meilleure ! Afin de succéder au meilleur. Elle espérait être à la hauteur.

Ouïe : Mouvements de feuilles non produit par le vent, craquement de brindilles, respiration lente.

Elle attrapa une branche, et se percha dans l’arbre.

Vue : Homme, âge moyen, grand, robuste, visage caché par un capuchon.
Odorat : Sueur, mais propre sur lui, chlorophylle.

Émalia sauta en avant. Retomba face à l’homme. Et fit une révérence.

- Chef.
- Tu as su que c’était moi.
- Oui. Sans vouloir vous offenser vous n’avez pas été très discret.
- Tu ne m’offenses pas. En effet c’est un tort de se croire toujours seul et en sécurité. Mais tu sais, mon âge ne m’aide pas, j’ai perdu de mon agilité.
- Peut importe votre âge vous êtes un modèle pour moi, pour nous.
- Merci Soldat. Justement je te cherchais…

Ouïe : Bruits de pas approchants.

- Pardon Monsieur.

La sorcière grimpa vite dans l’arbre et se concentra.

Vue : Au Nord, 2 hommes. Au Sud, 4 hommes. Ouest, 1 homme. A l’Est, personne.

Elle sauta à terre.

- Chef intrus en approchent.

Tous deux se mirent sur leurs gardes et attendirent l’arrivée des ennemis. Émalia resta concentrer. Elle se devait de protéger son Chef.

Attendre. Ecouter. Les voir arriver. Attaquer puis se défendre. Émalia prépara un sort, le lança, tua un premier ennemi défendit son chef. Résultat 4 hommes tués, 1 assommés.
Il ne resta plus qu’un ennemi pour chacun de nous.

Toucher : Un coup reçut dans le ventre.

Se défendre. Taper un coup, un deuxième.

Toucher : Un petit coup reçut à la tête.
Vue : Brouiller.

Émalia attaqua en aveugle.

Ouïe : Agonie de l’ennemi.

Donner le coup critique.

Vue : De retour. Mon chef à terre. Ennemi qui se braque sur moi.

Taper, se défendre. Émalia le tua puis couru vers mon chef.

-Chef ! Vous allez bien ?

Ouïe : Entendre son souffle si faible. Entendre sa voix, ses murmures.

- C’est toi… Tu es la plus qualifiée… Reprends les reines… Tu en es capable…

Ecouter. Etre émue. La sorcière pleura tout en regardant son chef s’éteindre. Émalia s’aida de la magie pour l’enterrer.

Elle rentra ensuite au campement et du tout expliquer. Émalia prit son nouveau poste, ses nouvelles responsabilités. Et dut se faire respecter des autres.
Elle avait réussi mais la peine était immense…

-Je suis Chef de guerre de la Tribu d’Alana ! Dit-elle, ses yeux remplis de larmes.

Fin du Flashback.

Une larme coula sur sa joue.
Mais Émalia devait se rendre en Luthania. Quittant la boutique, elle sauta dans le passage et arrive de l’autre côté dans la Plaine infinie. Elle fit une roulade afin de ne pas perdre de son équilibre à l’arrivée. Elle détestait vraiment la sensation bizarre qu’elle ressentait lors de la traversé.

Émalia regarda autour d’elle, cette grande plaine qui s’élance tout autour d’elle, il n’y a vraiment rien de plus magnifique qu’un lieu naturel sans l’intervention d’aucune race.
Le vent soufflait beaucoup, le pouvoir de la sorcière se manifesta.

Odorat : Odeur d’être vivant, une femme.

La jeune femme se retourna et aperçut alors au loin une silhouette aux cheveux flamboyants, qui la regardait avec conviction. Emalia s’approcha alors, avec prudence.

*Pourquoi tant de haine dans une si belle personne ?*

L’humaine qui était devant elle avait l’air épuisée. Émalia tenta une approche.

- Souhaiterais-tu un remède de fortifiant? Tu as l’air si fatiguée…

La jeune femme face à elle ne répondait pas, elle avait l’air comme perdu entre plusieurs pensées.

• Impact de l’inconnue sur le sol. Le cœur de la demoiselle tambourinait dans sa poitrine, secouée par les battements furibonds et l’épuisement. La jeune femme aux cheveux d’argent se retourna face à Learth, impénétrable. Une impression étrange émanait de l’inconnue, si bien, que la jeune femme se sentait comme oppressée par des forces mystérieuses. De la sueur froide parcourait l’échine de la demoiselle, perturbée par la présence physique et magique de son interlocutrice.
  
  Learth dévisagea impunément la sorcière, son regard n’était que dédain et curiosité. La surprise et l’étonnement furent les premiers sentiments que ressentie la jeune femme. En effet, de part sa haine, la demi-sorcière s’était toujours représenté une image négative, un aspect presque repoussant et au combien subjectif concernant les sorciers et les races annexes. Mais ce que Learth voyait là n’avait rien de semblable à un monstre, au contraire, la femme qui se présentait devant elle était d’une beauté froide et envoûtante. Sans le vouloir, la demoiselle s’attarda sur la chevelure argentée de l’inconnue qui lui rappelait pourquoi elle arborait elle-même ces cheveux flamboyants. Après tout, elles n’étaient pas si différentes, le sang qui coulait dans leurs veines présentait des similitudes. Cette pensée fit frissonner Learth, qui, verrouillée par ses convictions eut un pas en arrière comme signe de rejet. Jamais, au grand jamais elle ne serait une sorcière, un être semblable à ceux qui lui ont arraché l’enfance et le monde. D’autres pensées plus sombres, plus ancrées et plus anciennes s’emmêlaient dans le crâne de la jeune femme, perdue au milieu des réminiscences, des images imposées par son cerveau et ses souvenirs néfastes. La peur l’avait dès lors gagnée, elle qui se sentait capable de soulever des montages du haut d’une lame qu’elle n’était pas capable de manier. Mais qu’attendait-elle finalement ? Affronter les autres, le monde ?
  
  - Souhaiterais-tu un remède de fortifiant? Tu as l’air si fatiguée…
  
  Learth releva soudainement la tête, comme arrachée de force à ses tristes desseins.
  
  - Je n’ai pas besoin d’aide. Dit-elle froidement mais avec politesse. Ni de votre pitié, ajouta t-elle sans même prendre la peine de regarder l’inconnue.
  
  L’attitude de la demoiselle était désinvolte et son intonation presque insolente. Mais Learth se sentait démunie, misérable d’attirer la pitié chez des personnes dont elle ne souhaitait absolument rien. Consciente de la maladresse de ses propos, la jeune femme tenta tant bien que mal de se reprendre tout aussi calmement :
  
  - C’est gentil de votre part, mais je ne peux accepter.
  
  La franchise avait prit le pas sur l’insolence, mais Learth, de nature secrète et réservée ne souhaitait en dire davantage. S’en tenir au strict minimum lui semblait une justification suffisante. Fièrement, celle-ci s’apprêtait à tourner les talons lorsqu’elle sentit ses jambes se dérober sous son propre poids. Dès lors, à l’instant où son corps allait chuter et entrer au contact du sol, une enveloppe d’énergie engloba le corps frêle et fatigué et la demoiselle. Le bouclier qu’elle venait de créer contre son gré luisait faiblement autour d’elle et l’énergie semblait inégalement répartie sur toute la sphère. La jeune femme horrifiée, eut un sursaut et le cocon magique se brisa en mille morceaux. Son manque de pratique et sa négligence envers ses pouvoirs avaient rendu ce bouclier aussi fragile qu’une fine couche de glace. La chute et la fatigue avaient réveillé malgré elle son instinct de survie qui avait conduit la jeune femme à créer cette enveloppe magique afin de se protéger. Cependant, cette nouvelle révolta intérieurement Learth qui resta au sol, honteuse, confuse et vulnérable. Se cacher, lâchement, la fuite lui semblait alors la seule solution face à cette situation pénible. Incapable de contrôler sa magie, son corps réagit une fois de plus à ses attentes, et une partie de son corps devint invisible au détriment du reste. Cette fois-ci, la demoiselle grommela en regardant sa paume à demi-effacée.
  
  *Ces pouvoirs sont une véritable plaie.*
  
  Celle-ci lança un regard accusateur à l’inconnue pendant quelques secondes. Elle se demanda un instant si la sensibilité de ses pouvoirs ne s’était pas accrue avec la force magique que dégageait la sorcière aux cheveux d’argent. Car il était arrivé à de nombreuses reprises à Learth de se sentir faible à cause de ses séances d’entrainement, mais jamais ses pouvoirs ne l’avaient abusé de la sorte.

Finalement, la jeune femme aux cheveux flamboyants releva la tête, et montra alors son visage, il avait une de ces expressions qui laisse supposer que derrière une personnalité très forte se cache toujours une part de mystère. Mystère qui le plus souvent équivaut simplement à une grande peine, à la folie d’une âme qui par sa tristesse erre sans trouver son chemin, sans savoir choisir sa voie.

- Je n’ai pas besoin d’aide. Ni de votre pitié.

Émalia ne fut pas choquée par le ton froid que venait d’employer la jeune femme. Elle s’était habituée à ce genre de réaction depuis qu’elle avait endossé son rôle de chef de guerre. La sorcière n’avait toujours pas vu les yeux de son interlocutrice qui, elle en était sûr, lui en apprendraient beaucoup sur les sentiments que cette humaine ressentait à ce moment.

- C’est gentil de votre part, mais je ne peux accepter.

Après une froideur, voilà que le ton de la voie devint plus sympathique. Émalia avait du mal à cerner cette personne. D’ailleurs elle-même était dure à cerner, son visage pouvait aussi bien montrer une détermination sans faille qu’une sympathie des plus sincères.

*Décidément, les humains sont vraiment des êtres énigmatiques.*

Émalia regarda sans bouger la jeune femme qui s’apprêtait à partir. Et qu’elle ne fut pas sa surprise quand un fin voile translucide vint entourer la jeune femme, qu’Emalia avait prise pour une humaine, lorsqu’elle manqua de tomber à la renverse. Émalia ne comprenait pas, d’habitude une aura émanait le plus souvent des sorciers, et dans ce cas elle le discernait et savait donc la véritable race, pourrait-on dire, de la personne qui se trouvait face à elle.

Autre étonnement, le bouclier qui s’était formé céda presque aussitôt être apparut. Certes cette, sorcière donc avait l’air jeune, mais à cet âge, un bouclier résistant était chose facile. Dans tous les cas, la jeune femme se retrouva à terre, le visage affichant maintenant un dégout de soi-même. Émalia pensa qu’il n’y avait aucune honte à ne pas savoir contrôler son pouvoir, même à cet âge, l’apprentissage était encore possible.

Émalia sentait à présent l’aura de la jeune sorcière, et au même instant, cette dernière s’effaça peu à peu, mais pas entièrement. Le pouvoir d’invisibilité ! Ca par contre ce n’est pas facile, pourtant il sembla que la jeune sorcière l’avait développé plus que l’autre.

Émalia ne ressentait aucune pitié pour la jeune femme, au contraire une sympathie l’avait envahi, elle voulait lui proposer son aide. Mais là, le regard de la jeune sorcière changea du tout au tout, une sorte de haine avait rempli ses yeux bleus qu’Émalia aperçut alors, et bien qu’ils soient magnifiques, ils l’accablaient froidement.

Émalia ne savait plus que faire. Mais elle se rappela alors ses séances d’entrainement personnels, quand cachée derrière le bar de la cuisine étant ado, elle essayait de deviner à l’odeur et aux timbres des bruits de pas qui aller franchir la porte et qu’à chaque fois elle sortait d’un bon de sa cachette en criant le prénom de l’arrivant, et la plus souvent elle se trompait, son frère la charrié d’ailleurs beaucoup avec ça.

Un sourire se dessina sur ses lèvres, sourire qu’elle effaça aussitôt de peur que la jeune femme ne le prenne comme une moquerie à son égard.

Emalia utilisa donc son pouvoir afin de mieux voir la main de la jeune sorcière et avança la sienne en sa direction pour l’aider à se relever.

- Ne t’en fait pas, tous les jeunes sorciers sont passé par là.

• Learth détourna la tête un instant, bien plus préoccupée par la situation que par la présence de la sorcière à ses côtés. Les pouvoirs et le potentiel magique des sorciers étaient considérés comme la force de ces derniers, pourtant, la demoiselle se sentait trahie, handicapée par ses propres dons. A quoi bon utiliser ses forces maudites conférées par un être lâche et faiseur de destruction en sa faveur ? La jeune femme tenta de chasser quelques pensées néfastes de sa tête maintenant infectée par le sentiment de perte et d’absence. Faussement stoïque, sa salive avait un goût plus amer et elle semblait avoir désormais plus de peine à l’avaler. Les humains n’avaient certes pas l’héritage magique de certaines races fantaisistes, mais ils avaient toujours fait face à l’adversité et notamment par le biais des armes. Learth avait toujours envié leur courage, leur force à compenser leurs carences énergétiques par de la force brute. La demoiselle serra les points, profondément frustrée d’être dotée de cette enveloppe corporelle démunie de muscles et de force physique. Le destin avait décidé dès le départ de faire d’elle une femme, l’un de ces êtres fragiles et délicats mais sans animosité. Mais comme si cela n’était pas suffisant, son père était un sorcier, lui léguant de ce fait ce corps sans vigueur.
  
  - Ne t’en fait pas, tous les jeunes sorciers sont passé par là.
  
  Ces paroles firent sortir la demoiselle de sa transe psychologique. Les mots prononcés par l’inconnue eurent l’effet d’un coup de tonnerre sur Learth. Celle-ci se braqua immédiatement et releva brusquement la tête. Trop occupée par ses propres pensées qui ne cessaient de la ronger, Learth en avait complètement oublié le spectacle délectable qu’elle venait d’offrir sur un plateau d’argent à la demoiselle qui revêtait une chevelure de la dite couleur. La peur commença à la submerger, démasquée, mise à nue devant un être pour qui elle n’avait aucune sympathie naturelle et altruiste.
  
  Learth plongea son regard translucide dans les yeux de son interlocutrice, soudainement méfiante à son égard. Que voulait-elle ? Maintenant que la demi-sorcière était découverte, celle-ci se retrouvait dans une fâcheuse posture. Au combien vulnérable, il n’était pas question de se laisser bercer par de belles paroles et d’accepter une aide qui n’était pas légitime. Pourquoi un être malfaisant tel qu’une sorcière voulait aider gratuitement une pauvre humaine qui n’avait qu’un peu de haine à lui offrir. Cependant, la question de l’identité l’irritait profondément ; assez en tout cas pour que la demoiselle s’interpose à se propos.
  
  - Je ne suis pas une sorcière… Laconique, son ton ne laissait présager aucune douceur, légèreté typique aux jeunes femmes de son âge aux airs délicats.
  
  Au contraire, la brièveté de sa phrase et le ton rude qu’elle avait employé incitait l’interlocutrice à ne pas vouloir en savoir davantage. En plus d’un rejet, cette phrase était la symbolisation du déni dont elle était à la fois victime et bourreau. Le sourire que venait de lui offrir l’inconnue gêna profondément Learth qui ne se sentait pas en mesure de lui rendre la pareille. Cette personne lui semblait d’emblée altruiste et patiente puisque capable de vouloir aider une humaine dédaigneuse. Mais cette attitude lui sembla également suspecte. C’est pourquoi la jeune femme hésita longuement en observant la main gracile de son interlocutrice généreusement tendue. A nouveau, la demoiselle regarda le sol, fuyante.
  
  - Vous n’auriez aucun intérêt à m’aider, et vous ne le pouvez pas non plus. Personne n’est en mesure de le faire et je ne cherche pas non plus à ce que l’on m’aide. De plus, je ne pourrais pas vous être redevable en retour.
  
  Le contenu de sa phrase était brutal, trahissant la maladresse de la demi-sorcière en ce qui concerne les relations entre les êtres vivants. Elle était incapable de faire preuve de tact ou d’être chaleureuse. Cependant, au détriment du tact, Learth essayait de se montrer le plus respectueuse possible. Elle ne voulait pas offenser l’inconnue qui après tout, s’était montré très agréable avec elle.

Émalia avait toujours sa main tendu vers la jeune sorcière. Se demandant toujours si elle allait accueillir son aide. Elle semblait être une personne solitaire, Émalia repensa alors à sa vie, à son enfance. Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir une personne pour l’épauler, pour l’aider à grandir. Elle, elle avait eu toute sa famille, son père l’avait aidé à contrôler son pouvoir, sa mère lui avait appris elle aussi tellement de choses, quand à son frère, c’est bien grâce à lui qu’Émalia est très douée au combat à mains nues, les chamailleries ayant entrainées de nombreuses bagarres finissant soit en fous rires soit en remontrances des paternels. Une enfance heureuse et pleine de joie de vivre. Emalia se questionna sur la vie de la sorcière, étant tout juste sorti de son enfance, avait-elle eu des parents pour l’épauler ? Ou bien un ainé ? C’était peut-être elle qui tenait ce rôle. Ces questions tournèrent dans sa tête jusqu'à être interrompu par la voix de la jeune femme.

-Je ne suis pas une sorcière…

Comme pour sa première phrase, la tonalité de sa voix essayer de faire passer un message.

Seulement, Émalia ne comprit pas. Bien sûr que cette femme était une sorcière. Mais comment est-ce possible de renier ce fait ? Émalia comprit alors pourquoi le bouclier créait précédemment avait été si peu efficace ; La jeune femme se refusait d’être une sorcière, ignorait ses pouvoirs qui malheureusement pour elle avait le dessus quelque fois. Mais de l’incompréhension envahit le visage d’Émalia, comme renier une partie de ce que l’on est ? Pour rien au monde la sorcière ne pourrais le faire. Elle chercha tant bien que mal des raisons à cela mais ne trouva rien. Émalia pensa à sa vie sans ses pouvoirs, et surtout sans Son pouvoir, elle ne pouvait l’imaginer. Une nouvelle fois encore ses pensées furent interrompues. Elle entendit son interlocutrice qui avait rebaissé la tête.

-Vous n’auriez aucun intérêt à m’aider, et vous ne le pouvez pas non plus. Personne n’est en mesure de le faire et je ne cherche pas non plus à ce que l’on m’aide. De plus, je ne pourrais pas vous être redevable en retour.

Émalia l’écouta attentivement, elle voyait bien que la jeune femme cherchait à retranscrire ses sentiments sans pour autant la blesser. Émalia la regarda alors, souriant de plus belle.

- Je parais en position de force la, debout devant toi.

A ces mots, Émalia agrippa sa robe de façon à pouvoir s’asseoir dans l’herbe tout naturellement. Puis quand elle fut assise, a environ un mètre de la jeune sorcière elle ferma les yeux car elle ne voulait en aucun cas paraître plus puissante que la jeune femme, et souhaitait donc s’handicaper de la moitié de son pouvoir. Ensuite elle lui dit :

- Mon pouvoir est celui des sens extrêmes. Telle que tu me vois maintenant je suis privée d’un de mes sens, mais tu vois chez moi la privatisation de l’un entraîne une baisse des autres, je suis donc dans un sens à ta merci mais en même temps si tu bouges et que tu t’approches de moi je t’entendrais. Mon pouvoir est donc plus puissant quand j’ai les yeux ouverts, dans le cas contraires il m’est difficile de l’enclencher dirons-nous. Cela ne veut pas dire que je ne pourrais me défendre vois-tu ? Maintenant je parais un peu démunie. Mon pouvoir est donc à la fois une force mais aussi une faiblesse. Et à ce que j‘ai vu tu as l’air plus enclin à rester une personne normale, à rester humaine. Et sache que même si je ne comprends ce choix, je suis tout à fait capable de le respecter.

Émalia s’arrêta un instant, et se concentra très fortement, la jeune humaine, ou bien sorcière, était toujours là.

Ouïe : Respiration lente.

Émalia reprit donc son discours car elle n'avait pas encore vraiment répondu à la jeune femme, et tout en gardant les yeux fermés, ajouta:

- Est-ce que tu as un métier ? Moi oui, je suis chef de guerre, et crois moi j’en ai donc vue des personnes innocentes tuées, j’ai vue tellement d’horreur dans des batailles, dans des villages pillés, brulés, que je ne puis continuer ma route sans même un regard vers une personne qui a besoin d’aide. Et j’en ai vue des personnes faibles, se battre pour elle-même. Non pas que je dise que tu es faible, mais il faut dans la mesure du possible rester fière et sois même. Si pour toi cela passe par le reniement de tes pouvoirs, et bien sois forte, accroche toi et relèves toi fièrement !

Émalia s’était emportée dans son discours, un peu invraisemblable peut être mais elle l’espérait convaincant. Elle rouvrit les yeux et attendit une réaction de la jeune humaine.

Partie Hors RP:

Spoiler:

• Doucement, Learth releva la tête, soudainement intriguée par les paroles de l’inconnue.
  
  - Je parais en position de force la, debout devant toi.
  
  L’étonnement se lisait sur son visage, quelque peu décontenancée par la tournure que prenaient les évènements. Elle se tenait là presque recroquevillée sous le poids de ses pensées, face à un être à qui tout l’opposait, ou presque. En effet, moins d’une heure auparavant la demoiselle éprouvait de la colère envers cette personne. La honte avait prit le pas sur la colère pour laisser finalement la jeune femme en proie à sa curiosité et à ce qui semblait être de l’intérêt. De nature bornée et d’habitude entêté, Learth semblait s’être doucement laissée apprivoisée sans même s’en rendre compte. Consciente de sa vulnérabilité, les agissements de la sorcière lui semblaient disproportionnés. N’était-ce pas ces êtres au tempérament égoïste qui avaient détruit son enfance ? Pourquoi celle-ci semblait s’écarter à ce point des autres individus de son espèce ? Était-elle une exception parmi les sorciers ? Ou ses dires ne sont pas désintéressés et le fruit d’une manipulation habile ? Confuse et indécise, Learth essaya de masquer ses émotions, ne voulant pas ainsi se montrer trop vulnérable face à cette personne qu’elle connaissait à peine. Le visage impassible, la demi-sorcière scruta attentivement son interlocutrice maintenant assise non loin d’elle. Tandis que celle-ci fermait les yeux, Learth ne pouvait s’empêcher de dévisager cette étrange femme aux cheveux d’argent. Ces gestes, la façon gracile avec laquelle elle relevait sa robe, son sourire rayonnant et la façon tout à fait modeste de s’asseoir dans l’herbe grasse semblait contradictoire. L’on était bien loin du monstre auquel Learth s’attendait à voir débarquer, à la créature assoiffée de destruction dont elle avait tiré le portrait dans les méandres de sa mémoire. Pourtant, malgré toute cette chaleur, cet altruisme, la demoiselle était comme figée, incapable d’émettre un son, une parole, ou d’user de ses zygomatiques afin de faire dialoguer les sourires.
  
  - Mon pouvoir est celui des sens extrêmes. Telle que tu me vois maintenant je suis privée d’un de mes sens, mais tu vois chez moi la privatisation de l’un entraîne une baisse des autres, je suis donc dans un sens à ta merci mais en même temps si tu bouges et que tu t’approches de moi je t’entendrais. Mon pouvoir est donc plus puissant quand j’ai les yeux ouverts, dans le cas contraires il m’est difficile de l’enclencher dirons-nous. Cela ne veut pas dire que je ne pourrais me défendre vois-tu ? Maintenant je parais un peu démunie. Mon pouvoir est donc à la fois une force mais aussi une faiblesse. Et à ce que j‘ai vu tu as l’air plus enclin à rester une personne normale, à rester humaine. Et sache que même si je ne comprends ce choix, je suis tout à fait capable de le respecter.
  
  La jeune femme demeura silencieuse, l’air ailleurs, regardant l’horizon qui se trouvait dans le même champ de vision de son interlocutrice. Cependant, Learth était très attentive à ses paroles, intriguée par cet être qui lui semblait faire exception à sa race. Elle s’apprêtait à bafouiller une réponse lorsque la sorcière reprit calmement :
  
  - Est-ce que tu as un métier ? Moi oui, je suis chef de guerre, et crois moi j’en ai donc vue des personnes innocentes tuées, j’ai vue tellement d’horreur dans des batailles, dans des villages pillés, brulés, que je ne puis continuer ma route sans même un regard vers une personne qui a besoin d’aide. Et j’en ai vue des personnes faibles, se battre pour elle-même. Non pas que je dise que tu es faible, mais il faut dans la mesure du possible rester fière et sois même. Si pour toi cela passe par le reniement de tes pouvoirs, et bien sois forte, accroche toi et relèves toi fièrement !
  
  Elle retint son souffle un instant, ses paroles avaient ramenées en elle des souvenirs dramatiques et désagréables. La demi-sorcière avala difficilement sa salive et tenta de rester de marbre. Elle n’était peut être pas aussi différente que ce qu’elle croyait d’emblée de cette sorcière. Learth ferma un instant les yeux, bercée par sa mémoire. La mort, l’injustice, la frustration, le sang, tous avaient le même goût amer dans la bouche et la même rancœur. Les dernières paroles de son interlocutrice lui remirent du baume au cœur, cette personne qu’elle avait injustement haïe s’avérait capable de faire preuve de bonté. Mais Learth ne pouvait rester insensible à son discours, c’est pourquoi elle parla enfin :
  
  - Je n’ai pas de métier, je n’ai pas les aptitudes d’une guerrière ni d’assez bonnes manières.
  
  La demoiselle fit une courte pause en se remémorant les sermons de sa mère à propos de son insolence et du fait qu’elle ne trouverait jamais de métier à cause de ce caractère tout à fait inapproprié.
  
  - Vous qui avez vécus toutes ces atrocités comment pouvez-vous vous tenir devant moi en ayant la force de sourire ? Vous n’êtes pas lassée, usée, par toute cette injustice ? Je ne vois pas comment on pourrait rester fière quand l’on n’est même pas capable de protéger ce à quoi on tenait. Ce n’est pas la faiblesse qui m’accable mais l’impuissance. Je me fiche bien de mes pouvoirs ou de la fatigue, du moment que cela me permet encore d’accepter mon reflet dans le miroir. Mais je ne partage pas votre enthousiasme, on ne peut décemment faire comme si rien ne s’était passé. Alors m’aidez-vous dans le but de vous donner bonne conscience ? C’est peut être votre façon à vous de vous venger de toutes ses horreurs, en les empêchant. Et je vous admire pour votre patience.
  
  Face à la brutalité de ses paroles, Learth conclu plus calmement :
  
  - Si vous m’aidez comme vous le dites parce que vous ne supportez pas l’injustice tout comme moi, alors je salue votre bravoure. Mais avec tout le respect que je vous dois, ça ne m’aidera pas mieux à dormir. Tant que les gens continueront de mourir parce que la paix est un mythe, je ne pourrais pas être aidée. Celle qui doit me sauver, c’est moi-même, et je ne suis pas en mesure de le faire, pas plus que vous. Je ne voudrais pas influencer votre optimisme, mais on ne se relève pas aussi facilement. On nous apprend à marcher pour mieux tomber. Dit-elle simplement le regard toujours fixé au loin.
  
  Si la jeune femme ne savait toujours pas pourquoi cette sorcière-là n’était pas un manifeste de la méchanceté de son peuple, Learth avait apprit une chose. Que malgré les rancœurs, les souffrances pouvaient être communes. Que si son monde s’était vu détruit, l’inconnue avait également du affronter la perte et le sacrifice, comme si tout n’était qu’éphémère sur un océan de désastre. C’est probablement pourquoi elle respectait la sorcière qui avait finalement de nombreux points communs avec Learth qui n’était pas convaincu que la fierté était l’ennemie de la guerre.

Émalia regardant avec attention la jeune femme assise devant elle. Elle voyait bien que es sentiments fusaient en cette dernière mais na savait lesquels, c’est pourquoi la sorcière attendit la réponse qui ne se fut pas attendre.

- Je n’ai pas de métier, je n’ai pas les aptitudes d’une guerrière ni d’assez bonnes manières.

*Pas les aptitudes d’une guerrière ?!*

Cette phrase étonna beaucoup Émalia, en effet son interlocutrice avait avec elle une lame qui avait tout l’air d’être tranchante, une lame digne d’une guerrière, mais bon d’accord, pour ce qui est de la carrure on pouvait encore douter, seulement cela ne veut rien dire. La jeune sorcière reprit son discours et Émalia l’écouta avec attention :

- Vous qui avez vécus toutes ces atrocités comment pouvez-vous vous tenir devant moi en ayant la force de sourire ? Vous n’êtes pas lassée, usée, par toute cette injustice ? Je ne vois pas comment on pourrait rester fière quand l’on n’est même pas capable de protéger ce à quoi on tenait. Ce n’est pas la faiblesse qui m’accable mais l’impuissance. Je me fiche bien de mes pouvoirs ou de la fatigue, du moment que cela me permet encore d’accepter mon reflet dans le miroir. Mais je ne partage pas votre enthousiasme, on ne peut décemment faire comme si rien ne s’était passé. Alors m’aidez-vous dans le but de vous donner bonne conscience ? C’est peut être votre façon à vous de vous venger de toutes ses horreurs, en les empêchant. Et je vous admire pour votre patience.

Ces dernières paroles étaient assez sèches.

*Décidément c’est une manie chez elle* Pensa Émalia en riant joyeusement intérieurement et ce sans moqueries.

- Si vous m’aidez comme vous le dites parce que vous ne supportez pas l’injustice tout comme moi, alors je salue votre bravoure. Mais avec tout le respect que je vous dois, ça ne m’aidera pas mieux à dormir. Tant que les gens continueront de mourir parce que la paix est un mythe, je ne pourrais pas être aidée. Celle qui doit me sauver, c’est moi-même, et je ne suis pas en mesure de le faire, pas plus que vous. Je ne voudrais pas influencer votre optimisme, mais on ne se relève pas aussi facilement. On nous apprend à marcher pour mieux tomber.

Tout ce discours était plein de sens, un sens profond, fort, émouvant. Car oui Émalia était bien d’accord ; la paix ? Est-ce un mot inventé juste pour nourrir l’espérance de tous les peuples ? Elle répondit alors à la demi sorcière, qui elle le pensait, se méfiait de moins en moins :

- La force de sourire hein ?... Comme tu viens de le dire, c’est une force, j’essaie de paraitre heureuse et de transmettre mon bonheur, cela est parfois difficile il est vrai, mais que faire d’autre ? Me laisser dépérir avec l’idée que le monde ne va nulle part ? Ah ça non je ne peux pas ! Alors oui, malgré l’injustice, je crois en l’avenir, je ne veux pas me lasser de croire qu’un jour tout peut changer, et si ce n’est pas pour nous, ce sera peut-être pour nos enfants ou même arrière-petits-enfants !

Émalia se remit en mémoire la phrase de la demi-sorcière, « même pas capable de protéger ce à quoi on tenait ». Cette phrase lui serra le cœur, si fort qu’une fine larme discrète coula le long de sa joue, la en ce moment elle pensait à son frère, qui avait lutté pour survivre malgré la perte de sa fiancé, qu’il n’avait même pas été ‘’capable de protéger‘’…

- Je suis comme toi, je hais l’impuissance. Et tout en pensant à son Frère elle continua : Parfois on tente en vain d’aider une personne, et même si on parvient à faire quelque chose pour elle, jamais, oh non jamais elle ne pourra redevenir à part entière celle qu’elle était avant… Alors crois-moi, je ne fais pas comme si rien ne s’était passé, dans ma vie, dans nos monde, mais je laisse ça derrière moi et j’attends j’espère qu’un jour on reparlera de toute notre histoire avec un certain détachement.

Émalia s’arrêta, souffla un bon coup, laissa son frère dans un coin de sa tête pour en revenir à la demi sorcière, elle esquissa un semi sourire et continua :

- Alors oui, je t’aide, pour avoir bonne conscience ? Eh bien oui comme toute personne quand elle en soutien une autre. Si j’arrive à t’aider tant mieux, j’en serais heureuse car oui je ne cherche pas que la paix de mon âme dans le don de moi-même. Alors si comme tu le dis je ne peux pas te venir en aide, je ferais avec, mais rien ne m’empêche d’essayer, et puis tant que tu n’auras pas décidé de t’aider toi-même il est vrai que je ne pourrais pas grand-chose pour toi… Alors marche, tombe, et relève toi et ce même s’il faut retomber derrière, moi c’est ce que je fais avec selon les jours plus ou moins de facilité… Et même si tu ne crois pas à cela, si tu n’as pas mon optimisme, et bien rien ne te coute d’essayer !

Émalia ne savait que dire d’autre, aider les gens quand elle le pouvait s’était ça le plus important. Et même en temps de guerre, elle se battait, mais s’il y avait un ennemi à soigner, jamais elle ne lui refuserait de l’aide. Son innocence, la sorcière l’avait perdue depuis longtemps, mais elle croit encore que tout être n’est pas individualiste.

• Emportée par ses propres paroles et absorbée par ses pensées, la réponse de la sorcière lui parût soudaine et fulgurante.
  
  - La force de sourire hein ?... Comme tu viens de le dire, c’est une force, j’essaie de paraître heureuse et de transmettre mon bonheur, cela est parfois difficile il est vrai, mais que faire d’autre ? Me laisser dépérir avec l’idée que le monde ne va nulle part ? Ah ça non je ne peux pas ! Alors oui, malgré l’injustice, je crois en l’avenir, je ne veux pas me lasser de croire qu’un jour tout peut changer, et si ce n’est pas pour nous, ce sera peut-être pour nos enfants ou même arrière-petits-enfants !
  
  Sans même s’en rendre compte, ces paroles avaient eut l’effet d’un électrochoc sur la demoiselle. Croire en l’avenir ? Dans un monde détruit, où les peuples se traquent parfois comme des animaux que l’ont a sut décemment apprivoiser ? Learth ferma doucement les yeux, comme pour consulter avec le moins de peine possible des souvenirs douloureux. Se battre pour ses enfants et sa descendance… Avait-elle dit en tant que sorcière. Ce n’était visiblement pas le cas de tout le monde, et surtout pas celui de l’homme qui l’avait lâchement abandonné, qui avait été complice du massacre, consentant à l’horreur et non accaparé par la protection de sa progéniture. La jeune femme regarda à nouveau son interlocutrice, le regard remplit d’une singulière compassion. Les mots voulaient sortir de sa bouche, mais ses lèvres étaient incapables de se mouvoir, était-ce la fierté ou la rancœur qui l’empêchait de dire ce qu’elle pensait tout bas à voix haute ?
  
  *Vous êtes quelqu’un de bien, et cela malgré vos origines.* Pensa t-elle modestement et sans l’avouer.
  
  Le discours de la sorcière avait alors reprit.
  
  - Je suis comme toi, je hais l’impuissance. Parfois on tente en vain d’aider une personne, et même si on parvient à faire quelque chose pour elle, jamais, oh non jamais elle ne pourra redevenir à part entière celle qu’elle était avant… Alors crois-moi, je ne fais pas comme si rien ne s’était passé, dans ma vie, dans nos monde, mais je laisse ça derrière moi et j’attends j’espère qu’un jour on reparlera de toute notre histoire avec un certain détachement.
  
  Learth l’espérait aussi, au plus profond d’elle mais sans se l’avouer. L’espoir lui semblait fatal en cette époque, et les rêves un peu trop aiguisés. Alors de là à sauver des gens de ses petits bras, c’était impossible. Même ses maigres pouvoirs n’étaient pas suffisant tant la demoiselle les négligeait avec nonchalance. Peut être était elle trop rancunière pour espérer un jour parler de son histoire, de l’Histoire, sans animosité, sans regrets qui la ronge, sans douleur. En cela, l’inconnue avait une force d’esprit bien plus supérieure à celle de Learth qui se laissait bien trop souvent submergée par ses émotions au lieu de se bercer de raison.
  
  - Alors oui, je t’aide, pour avoir bonne conscience ? Eh bien oui comme toute personne quand elle en soutien une autre. Si j’arrive à t’aider tant mieux, j’en serais heureuse car oui je ne cherche pas que la paix de mon âme dans le don de moi-même. Alors si comme tu le dis je ne peux pas te venir en aide, je ferais avec, mais rien ne m’empêche d’essayer, et puis tant que tu n’auras pas décidé de t’aider toi-même il est vrai que je ne pourrais pas grand-chose pour toi… Alors marche, tombe, et relève toi et ce même s’il faut retomber derrière, moi c’est ce que je fais avec selon les jours plus ou moins de facilité… Et même si tu ne crois pas à cela, si tu n’as pas mon optimisme, et bien rien ne te coute d’essayer !
  
  Ces dernières paroles firent sourire la demoiselle, d’un sourire à peine visible qui s’étirait sur la commissure gauche de ses lèvres. Certes, ses paroles n’avaient pas été tendres, mais elle avait vu juste. Et Learth appréciait la franchise de son interlocutrice qui n’avait pas la sottise de se voiler la face comme le fond bon nombre de personnes, et parfois elle la première.
  
  - Vous avez le mérite d’être franche, avec les autres et vous-même. Vous n’avez donc pas peur de l’échec ?
  
  Learth se releva, fixant de nouveau l’horizon.
  
  - Avez-vous rencontré beaucoup de personnes ici ? Partagent-elles votre avis ? Je ne pense pas qu’il existe autant de personnes capables d’une telle ouverture d’esprit. Si votre discours et vos gestes m’ont touché, ce n’est pas pour autant que je l’appliquerais d’emblée au comportement des autres. A mes yeux, vous faites parti d’une catégorie unique, avec encore un peu de bon sens malgré les évènements fâcheux de l’histoire. Mais je n’arrive pas à concevoir que ça soit le cas de tout le monde, à oublier l’inoubliable, à pardonner si facilement. Je crois que nous ne sommes pas prêts de parler de notre histoire avec détachement…
  
  La demoiselle allait spontanément rajouter le nom de son interlocutrice lorsqu’elle se souvenu qu’elle ne connaissait pas ce dernier et qu’elle ne l’avait encore pas demandé. Légèrement honteuse de son comportement, la demi-sorcière demanda doucement, comme si elle voulait être la seule témoin de ce faux pas.
  
  - Qu’on pardonne ma sauvagerie, mais je ne vous ait même pas demandé votre nom. Ce qui n’est pas très convenable quand on est amené à avoir des conversations intéressantes avec son interlocuteur. Je m’appelle Learth pour ma part, et je viens de Highland.
  
  Son ton n’était pas encore tout à fait chaleureux, trop maladroite pour être totalement à l’aise en ce qui concerne ses relations avec autrui. Elle esquissa un bref sourire, histoire de mettre en confiance l’inconnue. Elle n’éprouvait pas le désir de faire du mal à cette personne qu’elle trouvait finalement agréable et intéressante pour une sorcière. La jeune femme était de nature curieuse, et ce comportement l’avait réellement intrigué, de ce fait, elle pensait vraiment avoir à faire à une exception parmi les sorciers.

Émalia vit un sourire sur le visage de son interlocutrice, petit certes, mais ça lui faisait plaisir.

- Vous avez le mérite d’être franche, avec les autres et vous-même. Vous n’avez donc pas peur de l’échec ?

Peur de l’échec ? Evidement comme tout un chacun. Émalia regarda la demi-sorcière se lever, enfin, puis tout en regardant au loin, elle continua :

- Avez-vous rencontré beaucoup de personnes ici ? Partagent-elles votre avis ? Je ne pense pas qu’il existe autant de personnes capables d’une telle ouverture d’esprit. Si votre discours et vos gestes m’ont touché, ce n’est pas pour autant que je l’appliquerais d’emblée au comportement des autres. A mes yeux, vous faites partie d’une catégorie unique, avec encore un peu de bon sens malgré les évènements fâcheux de l’histoire. Mais je n’arrive pas à concevoir que ça soit le cas de tout le monde, à oublier l’inoubliable, à pardonner si facilement. Je crois que nous ne sommes pas prêts de parler de notre histoire avec détachement…

La jeune femme se stoppa, elle avait l’air de chercher quelque chose. Puis finalement elle reprit :

- Qu’on pardonne ma sauvagerie, mais je ne vous aie même pas demandé votre nom. Ce qui n’est pas très convenable quand on est amené à avoir des conversations intéressantes avec son interlocuteur. Je m’appelle Learth pour ma part, et je viens de Highland.

*Tiens, c’est vrai ça, je ne connais même pas son nom !*

Émalia n’y avait à vrai dire par tellement fait attention elle était tellement pris dans ses idées, dans son but de l’aider qu’elle n’y avait même pas réfléchis au prénom que pouvait porter cette demi sorcière. Comme pour la mettre à l’aise alors que depuis le début c’était plutôt l’inverse, Learth lui sourit. En y regardant de plus près, les rôles était la inversé, en effet Émalia se tenait la assise par terre, l’aire perdue à réfléchis à toutes les paroles de la jeune demi sorcière, et cette dernière se trouvait debout devant elle, avec un sourire. Oui cette opposition par rapport au début de leur rencontre fit rire Émalia, qui se leva à son tour et pour ne pas paraître mal poli et pour ne pas avoir l’air désobligeante enchaina :

- Enchanté, Learth de Highland ! Moi je suis Émalia Ombel, je viens de du Lodemay des Sorciers comme tu le sais, et j’appartiens donc à la Tribu d’Alana. Ne prends pas mon rire pour de la moquerie bien au contraire, j’analysé la situation vois-tu ? Lui dit Émalia tout sourire. Et pour en revenir à des choses moins marrantes, oui bien entendu j’ai peur de l’échec, mais c’est de nos erreurs que l’on fait notre enseignement, alors je fais, je vie avec !

Émalia réfléchis un instant, puis continua :

- Apres bien sûr, je ne suis pas la seule à penser comme je le fais, tu en trouveras de personnes comme moi, mais comme tu l’as si bien fait remarquer cela reste quand même assez rare. En tout cas je suis bien heureuse que mes paroles ont su te traverser. Mais ce que je veux te dire c’est de ne pas te couper à la vision du monde que les autres peuvent avoir même si elle est en tout point différente à la tienne. Et puis moi je n’oublie rien, je ne pardonne rien, mais je n’en veux pas aux enfants de se qui ont fait des choix bien plus que détestables si eux n’ont pas la même vision des choses, comprends tu ? Et je le sais que trop bien, les mentalités ne peuvent pas changer au point qu’aujourd’hui on puisse parler librement, sans avoir peur de nos dire, mais peut-être, et je sais bien qu’avec des suppositions on pourrait refaire un monde, mais peut être que cela sera possible, pas aujourd’hui, mais dans un futur et ce jour sera bénit !

Émalia ne voulait plus d’une note pessimiste.

- Ravie de te connaître en tout cas ! Crois moi-même toi tu m’as appris des choses.

Emalia fixait Learth avec un grand sourire. Rire et sourire, cela lui avait fait du bien.

• Learth put remarquer que ses paroles avaient fait mouche, en effet il lui sembla être consciencieusement observée pendant son discours.
  
  - Enchanté, Learth de Highland ! Moi je suis Emalia Ombel, je viens de du Lodemay des Sorciers comme tu le sais, et j’appartiens donc à la Tribu d’Alana. Ne prends pas mon rire pour de la moquerie bien au contraire, j’analysé la situation vois-tu ? Lui dit Emalia tout sourire. Et pour en revenir à des choses moins marrantes, oui bien entendu j’ai peur de l’échec, mais c’est de nos erreurs que l’on fait notre enseignement, alors je fais, je vie avec !
  
  La demoiselle écouta les paroles de la sorcière avec un intérêt certain, car peut être que ce peu d’informations l’aiderait à comprendre certaines choses. A commencer par la gentillesse tout à fait désintéressée de celle-ci. Même si Learth se savait facilement séduite par de trop belles paroles, elle avait la conviction de ne pas se tromper à propos de cette Emalia. Si celle-ci avait voulut lui faire du mal, elle aurait déjà pu le faire de nombreuses fois, à tout moment et de n’importe quelle manière. Lui dire tout ça n’aurait eut aucun intérêt et n’aurait donné aucune suite intéressante dans le cas contraire. De plus, la jeune femme se sentait désormais plus en confiance avec son interlocutrice, leur conversation avait fait bon chemin et leurs deux points de vu avaient pu se conjuguer sans animosité.
  
  - Apres bien sûr, je ne suis pas la seule à penser comme je le fais, tu en trouveras de personnes comme moi, mais comme tu l’as si bien fait remarquer cela reste quand même assez rare. En tout cas je suis bien heureuse que mes paroles ont su te traverser. Mais ce que je veux te dire c’est de ne pas te couper à la vision du monde que les autres peuvent avoir même si elle est en tout point différente à la tienne. Et puis moi je n’oublie rien, je ne pardonne rien, mais je n’en veux pas aux enfants de se qui ont fait des choix bien plus que détestables si eux n’ont pas la même vision des choses, comprends tu ? Et je le sais que trop bien, les mentalités ne peuvent pas changer au point qu’aujourd’hui on puisse parler librement, sans avoir peur de nos dire, mais peut-être, et je sais bien qu’avec des suppositions on pourrait refaire un monde, mais peut être que cela sera possible, pas aujourd’hui, mais dans un futur et ce jour sera bénit !
  
  Que voulait-elle dire par là ? Learth n’avait aucunement le sentiment de calquer ses opinions sur celles d’autres personnes. Du moins, c’est ce qu’elle pensait intimement. Si elle était bien évidemment influencée par la pensée du Centre, c’est justement parce que personne n’avait jamais rien voulu lui dire ou lui expliquer. C’est pourquoi elle s’était forgée sa propre intuition avec ses propres opinions de façon totalement arbitraire et subjective. Mais la jeune femme n’avait pas encore assez fait de chemin pour réellement comprendre le sens caché de ces paroles. Dans son monde, il n’était pas rare que l’on rejette la faute des géniteurs sur le dos de la progéniture, et ça n’avait jamais causé le moindre problème puisque les humains étaient désormais habitués à vivre de la sorte. De ce fait, Learth trouvait ce raisonnement étrange et plutôt utopique dans l’ensemble. Cependant, touchée par le comportement et le mal que se donnait son interlocutrice, elle ne pouvait lui manquer de respect en clamant viruleseument le contraire.
  
  - Ravie de te connaître en tout cas ! Crois moi-même toi tu m’as appris des choses.
  
  - Je dois vous dire que je ne comprends pas toujours votre point de vue, mais si vous acceptez le mien, je suis également à même de le faire. Mais malgré cette singularité, je suis également agréablement surprise de vous avoir rencontré. Et j’espère que vos souhaits seront exaucés, même si les mœurs actuelles, dans mon monde en tout cas, ne le permettent pas. Je pense qu’en d’autres termes et dans une autre époque, nous aurions pu nous rencontrer plus tôt et connaître d’autres moments enrichissants. Mais… Hélas, si vous n’aviez pas prit cette peine et cette patience, je vous avouerais ne jamais vous avoir adressé la parole. Peut être qu’un jour, nous pourrions partager les mêmes idées. Mais vous m’avez donné le goût de voyager et de tenter de rencontrer d’autres personnes, afin de voir qui de nous deux à raison, et afin de trouver peut être des gens qui sauront me surprendre et bouleverser mes opinions comme vous l’avez fait.
  
  Learth lui décocha alors un sourire presque amical.

Tout au long de son discours Learth l’avait regardé et écouté avec attention. Quand Emalia eut terminé sa phrase, la demi-sorcière lui répondit :

- Je dois vous dire que je ne comprends pas toujours votre point de vue, mais si vous acceptez le mien, je suis également à même de le faire. Mais malgré cette singularité, je suis également agréablement surprise de vous avoir rencontré. Et j’espère que vos souhaits seront exaucés, même si les mœurs actuelles, dans mon monde en tout cas, ne le permettent pas. Je pense qu’en d’autres termes et dans une autre époque, nous aurions pu nous rencontrer plus tôt et connaître d’autres moments enrichissants. Mais… Hélas, si vous n’aviez pas pris cette peine et cette patience, je vous avouerais ne jamais vous avoir adressé la parole. Peut-être qu’un jour, nous pourrions partager les mêmes idées. Mais vous m’avez donné le goût de voyager et de tenter de rencontrer d’autres personnes, afin de voir qui de nous deux à raison, et afin de trouver peut être des gens qui sauront me surprendre et bouleverser mes opinions comme vous l’avez fait.

Émalia écouta ces paroles pleines de gentillesses et de franchise. L’inconnue d’il y a quelque temps, qui était maintenant prête à dire ce qu’elle pensait, et paraissait plus forte que lors de leur rencontre. A sa toute fin de phrase, pour la première fois Émalia vit sur le visage de Learth un sourire sincère. Cela remplis de bonheur la sorcière qui prit le sourire comme un élan et lui dit :

- Voilà, le but et de partager les opinions sans les confronter amèrement ! Il en va de même bien sûr que je souhaite aussi voir que toutes mes espérance n’était pas vaines, et qu’un jour el monde changera ! Je suis sur malgré ce que tu me dis que cela sera en partie possible dans ton monde !

Émalia remarqua que malgré leur conversation, la demi-sorcière continuait le vouvoiement contrairement à elle, qui l’avait de suite pris en sympathie et tutoyé. Puis elle continua :

- Peut importe le moment de rencontre, le lieu, ou les évènements, il y a des personne que le destin mets sur notre route et qui nous marque à tout jamais. Tu es une de ces personnes, crois moi je ne t’oublierais pas, et j’espère que tu trouveras la paix, dans ta vie, et dans ton monde. Je suis de tout cœur avec toi !

La réflexion sincère de Learth ne gêna pas Émalia, après tout, tout deux c’étaient parlées, et puis la sorcière en était sûr, elle lui aurait forcement adressé la parole pour une raison ou pour un autre. Et son entêtement ne lui aurait rien fait lâcher.

- Et bien, quoi qu’il en soit, va, vit et profite du bonheur si simple que peut être la vie ! Je te souhaite bonne route, et je m’en vais aussi de mon côté. Peut-être nous rêverons nous un jour ! Et dans ce cas, nous reparlerons de cette rencontre et de nos nouvelles opinions !

Émalia fit un grand sourire elle aussi. Elle reprit son sac qui était par terre, et après la réponse de Learch s’en alla droit devant elle, cheveux aux vents, l’esprit plus léger.

• Learth constata l’engouement de son interlocutrice engendré par les paroles de celle-la.
  
  - Voilà, le but et de partager les opinions sans les confronter amèrement ! Il en va de même bien sûr que je souhaite aussi voir que toutes mes espérance n’était pas vaines, et qu’un jour le monde changera ! Je suis sur malgré ce que tu me dis que cela sera en partie possible dans ton monde !
  
  La demoiselle ne sentait pas tellement concernée par l’amertume, bien que peu chaleureuse lorsqu’il s’agit d’exposer son point de vu, Learth savait que son entêtement pouvait vite être prit pour du snobisme et de la froideur. Cependant, il lui était impossible de renoncer à ses attitudes persuasives quand le sujet lui tient à cœur. C’est pourquoi la jeune femme ne dénota pas le discours d’Emilia car elle était conscience de sa brutalité en ce qui concerne ses différents ressentis. Pourtant, son pessimisme demeurait, jamais elle n’oserait imaginer Highland et ses alentours plongés dans une paix réelle, durable et fondée. A ses yeux, les évènements étaient encore bien trop proches et bien trop douloureux pour se permettre d’avoir de telles pensées. Mais l’espoir qu’éprouvait à cet instant la sorcière la gêna singulièrement. En effet, si la demoiselle n’était que peu convaincue par l’éventualité d’un avenir meilleur, elle souhaitait ne pas causer de tort à Emalia. L’espoir est quelque chose d’effrayant, et notamment lorsque l’on s’en trouve dépourvu. La peur de la déception et de l’échec sont plus fortes que tout, prennent le pas et le dessus sur les émotions positives véhiculées par l’espoir.
  
  *A trop espérer, on finit par ne rien avoir du tout.* Finit par penser Learth, perplexe.
  
  - Peut importe le moment de rencontre, le lieu, ou les évènements, il y a des personne que le destin mets sur notre route et qui nous marque à tout jamais. Tu es une de ces personnes, crois moi je ne t’oublierais pas, et j’espère que tu trouveras la paix, dans ta vie, et dans ton monde. Je suis de tout cœur avec toi !
  
  Learth continua de fixer son interlocutrice, toujours perturbée par cette vague d’optimisme, par la chaleur de ces propos, par les sentiments favorables et sincères que la sorcière tentait de communiquer. Si elle avait conservé sa rancœur envers les sorciers, la jeune femme éprouvait de la sympathie pour cette personne qu’elle trouvait complaisante bien qu’étrange.
  
  *Elle doit penser exactement la même chose, mais à l’inverse.* Songea la demi-sorcière d’un air amusé.
  
  - Et bien, quoi qu’il en soit, va, vit et profite du bonheur si simple que peut être la vie ! Je te souhaite bonne route, et je m’en vais aussi de mon côté. Peut-être nous rêverons nous un jour ! Et dans ce cas, nous reparlerons de cette rencontre et de nos nouvelles opinions !
  
  Malgré tout, toutes les paroles d’Emalia avaient mit du baume au cœur à la jeune femme, étonnamment ravie de cette rencontre qu’elle n’aurait jamais envisagé ou suspecté de cette manière.
  
  - Merci pour tout. Prenez soin de vous, et je l’espère à une prochaine fois.
  
  Ses paroles étaient concises, mais la complicité qu’avaient développée les deux sorcières suffisait à se passer de mots dans une telle situation. C’est pourquoi Learth se retourna sans attendre, un rictus collé à ses lèvres, emplit à nouveau d’une vigueur singulière, d’un sentiment agréable que le sort ne lui avait pas fait connaître depuis longtemps.